Abstract | La révolte Taiping, qui éclate en Chine en 1851, y fonde un Etat se réclamant du christianisme, écrasé en 1863. L'hypothèse de base de l'étude est l'existence d'un cadre d'interprétation souple des faits sociaux ("paradigme") au moyen duquel lettrés et couronne chinois exercent et légitiment une domination se reproduisant par l'intermédiaire de la culture et de la définition d'une conscience paysanne dominée. La première partie décrit la société chinoise avant la révolte, puis examine la mise en oeuvre de cette domination culturelle. La seconde décrit la révolte, insistant sur les interprétations successives de la Révélation Divine au moyen desquelles, au travers de luttes internes pour le pouvoir, se construit progressivement un paradigme hétérodoxe. Dans la troisième partie, psychologie du rituel, ambiguïté des symboles dominants, possibilités objectives et subjectives de résistance et de révolte et importance et limites de la religion dans une dynamique d'émancipation sont abordées. Le messianisme apparaît comme le paradigme typique des mouvements d'opposition dans les sociétés "précapitalistes" complexes. Puis une matrice d'analyse de tels mouvements en trois moments dialectiques inspirés de Laplantine: transe, messianisme et utopie, est proposée, et mise en rapport avec les moments de l'institution proposés par Lourau. Un schéma d'évolution est dessiné, impliquant une normation progressive du sens et une "dogmatisation " du paradigme. L'étude globalement concerne les conditions culturelles de la dréativité sociale (instituant) et de son institutionnalisation dans le cadre de la Chine impériale tardive, avec l'idée que certains éléments dégagés dans l'étude pourraient se retrouver dans d'autres cultures. |